Reine, ouvriere, et faux bourdon

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  • La reine

Une ruche d’Apis mellifera possède une seule reine, reconnaissable à sa grande taille. Elle possède en effet un abdomen plus long, adapté à sa fonction principale. Celle qu’on nomme « reine » est finalement plutôt une pondeuse : celle-ci ne « décide » de rien et sa tâche est de pondre les oeufs, fécondés et non fécondés, qui vont donner les futures abeilles  : elle est la mère de la colonie. Toutes les abeilles nées grâce à elle sont ainsi soeurs !reine

Protégée par les ouvrières, elle reste à l’intérieur de la ruche et ne sort jamais, à part une seule fois pour se faire féconder lors du vol nuptial, peu après son émergence. Ne pouvant se nourrir seule, elle a ainsi besoin de ses ouvrières pour prendre soin d’elle. Son espérance de vie est d’environ 3 à 5 ans, et elle peut pondre jusqu’à 2000 oeufs par jour lors de sa phase la plus productive.

Malgré tout cela, la reine n’est pas vraiment « une abeille à part ». A l’origine, rien ne la différencie de l’ouvrière : les deux sont issues d’un oeuf fécondé. Le fait qu’un oeuf fécondé devienne une reine ou une ouvrière dépend de l’alimentation pendant la période larvaire.  La larve de reine est nourrie majoritairement avec de la gelée royale de bonne qualité et non pas avec du pollen.

Lorsqu’une reine ne pond plus assez, quand elle est trop vieille par exemple, les ouvrières sélectionnent quelques larves et les élèvent en tant que reines pour remplacer l’ancienne. La première émergée tuera les autres (à l’intérieur des cellules) et deviendra la nouvelle reine. On reconnaît facilement une cellule royale dans la ruche car elle est bien plus grosse et allongée, comme une grosse protubérance sur le cadre, de la forme d’une cacahuète.

  • Les ouvrières

Les ouvrières composent la majorité de la population de la ruche. La colonie peut comporter plusieurs dizaines de milliers d’ouvrières en pleine saison. Plus petites que la reine, c’est celles que nous avons le plus souvent l’habitude de voir. Ce sont des femelles stériles effectuant les différentes tâches associées à la gestion et au maintien de la ruche. Durant la saison d’activité, leur espérance de vie est d’une quarantaine de jours, contre 5 ou 6 mois pour les ouvrières hivernales. A la belle saison, les ouvrières effectuent un rôle différent tout au long de leur vie : les jeunes adultes restent en sécurité à l’intérieur de la ruche et nettoient les cellules, chauffent le couvain, nourrissent les larves ; les adultes un peu plus âgés produisent de la cire, bâtissent les Apis_mellifera_carnica_worker_hive_entrance_2rayons, et protègent la planche d’envol. Enfin, les ouvrières les plus âgées sortent de la ruche pour aller butiner les fleurs, et ramener eau, pollen, propolis et nectar à la colonie. Ainsi les ouvrières effectuent les tâches les plus dangereuses dans la dernière partie de leur vie, car le risque de mortalité est plus élevé à l’extérieur de la ruche.

Les ouvrières sont issues d’oeufs fécondés pondus par la reine dans des alvéoles du corps de ruche. Les larves d’ouvrières sont nourries principalement avec du pollen, protéine végétale, puis l’alvéole est operculée lorsque la larve est assez âgée. La larve passe ensuite par le stade de nymphose, où son corps se transforme progressivement pour former une abeille adulte. Lors de l’émergence, l’abeille perce l’opercule et commence sa vie d’adulte.

 

  • Le faux-bourdon

Chez l’abeille, celui qu’on appelle le faux-bourdon est tout simplement le mâle reproducteur. Les mâles sont issus d’œufs non fécondés et possèdent ainsi uniquement le matériel génétique de la mère… ils n’ont pas de père ! Leur rôle principal est de féconder les reines vierges des autre ruches lors de leurs vols nuptiaux. Ils ne peuvent pas se nourrir seul, ne butinent pas, et ne piquent pas non plus puisqu’ils ne possèdent pas les organes spécialisés des ouvrières. Capables de voler sur une distance plus lointaine que les ouvrières, ils ne reviennent en général pas de leur voyage, car après l’accouplement les mâles meurent. A la fin de la saison de reproduction, les mâles restants devenus inutiles sont jetés de la ruche par les ouvrières et finissent par mourir. Leur rôle, quoique essentiellement lié à la reproduction, s’étend aussi à d’autres compétences : ils participent à la ventilation et à la régulation de la température de la ruche grâce à leurs muscles alaires plus développés et stimuleraient l’activité des ouvrières par leur simple présence. faux bourdon

Il est plutôt facile de les reconnaître : ils possèdent des yeux deux fois plus gros que ceux des ouvrières, aux nombreuses facettes. Ils sont également plus trapus et plus gros que les ouvrières. On peut discerner les cellules de couvain des mâles des cellules de couvain d’ouvrières puisqu’elles sont plus grosses et l’opercule est plus bombé, les mâles étant plus gros. Ce sont d’ailleurs ces cellules qui sont privilégiées par le varroa : la période de développement des mâles étant plus longue, cela convient mieux au varroa qui a plus de place et plus de temps pour se développer.

 

  • Les autres insectes eusociaux

Ce système de « castes » d’individus fertiles et non fertiles n’est pas unique dans le règne animal : plusieurs espèces d’insectes sont aussi eusociales. Les bourdons, guêpes et frelons bien entendu, mais aussi les fourmis et termites, ou quelques coléoptères. Plus étonnant encore, on retrouve aussi ce genre de système chez des espèces qui ne sont pas des insectes telle qu’une espèce de crevette ou des espèces de rat-tapes !